Julio Aguirre, vous connaissez ? Je l'ai rencontré à côté du Prado. Il jouait un morceau de Villa-Lobos... J'ai toujours été fasciné par la profonde solitude des musiciens des rues qui font chanter leur instrument au milieu d'une foule mouvante, bruyante et la plupart du temps indifférente. Et puis quelqu'un se détache, vient jeter une piècette dans la boîte... Je l'ai croqué, un peu à l'écart. Et puis lui ai montré le résultat, demandé de signer. Etonné, il a souri, pris une photo avec son téléphone, m'a laissé son adresse internet... Nous avons un peu bavardé. J'aime ces rencontres improbables, éphémères où un sourire en dit bien plus long qu'un discours bien orchestré.

Voici une autre série de gammes. Excepté le moustachu au balai qui a été tracé préalablement au crayon, toutes les autres figurines ont été faites directement au pinceau à partir de photos prises sur internet ou dans divers ouvrages.

 Les deux dames du bas sont des Chinoises qui font du Taï-Chi Chuan dans un parc. Ces exercices matinaux se font souvent au son d'une radio et sous la conduite d'une personne initiée à ce type de gestuelle. C'est une gym lente et douce pratiquée par des gens de tout âge, sans gêne, selon leurs possibilités physiques, sans forcer, sans douleur, sans recherche de performance ou de prix ou de médaille, ce que j'apprécie particulièrement.

Encore un arrêt technique dans un bistrot avec terrasse bien ombragée et éternels souvenirs, livres sur le Che... au bord de la route en un lieu nommé "Los Hoyos" (les fosses). L'endroit était assez désert. A une centaine de mètres, une maison de la campagne cubaine avec son toit recouvert de feuilles de palmier savamment assemblées, avec des murs de planches peintes et du linge qui sèche... Sans doute la maison des tenanciers du bar. J'ai fait ce croquis debout, rapidement en attendant de repartir. Il faisait très chaud et la peinture séchait à mesure que je la posais sur le papier.

Encore un dessinateur de rue. Celui-là officiait au parc Cespedes à Santiago. Il avait moins la bougeotte que le premier et son croquis était plus ressemblant. Il saisissait rapidement un visage au crayon puis repassait par-dessus avec un feutre noir ce qui donnait instantanément du relief à son dessin. Par contre, je ne suis pas certain qu'il ait apprécié  d'avoir été croqué mais ce n'était peut-être qu'une impression... que je partage volontiers.

Devant le Palacio de los capitanes generales à La Havanne, j'ai trouvé un croqueur de rue qui choisissait un(e) touriste pour le/la croquer rapidement et tenter de lui vendre sa production. J'ai essayé d'en faire autant avec lui... avec comme paiement un bel éclat de rire et un clin d'oeil complice.

Pour l'anecdote, le pavage devant le palais est conservé (et renouvelé) en bois depuis le XVIII^ème (peut-être même avant). En effet, un capitaine de l'époque qui occupait ce palais en avait décidé ainsi afin d'amoindrir le bruit des sabots des chevaux pour... préserver sa sieste !!